Publié le 15 mai 2024

La rentabilité financière et l’impact positif ne sont plus opposés; ils sont devenus les deux faces d’une même médaille grâce à des modèles d’affaires innovants qui redéfinissent la création de valeur au Québec.

  • L’économie circulaire transforme les obligations (déchets, fin de vie) en nouvelles sources de revenus et de collaboration.
  • Le capital citoyen, via les coopératives et le sociofinancement, permet de financer des projets alignés sur les valeurs des communautés locales.

Recommandation : Arrêtez de penser en chaînes de valeur linéaires. Adoptez une mentalité de « boucles de valeur » pour identifier le modèle d’affaires durable et rentable qui vous correspond.

L’idée de lancer un projet qui a du sens, qui change les choses, résonne chez de nombreux entrepreneurs, investisseurs et citoyens. Pourtant, cette ambition se heurte souvent à un vieux dogme : celui qui oppose la mission sociale ou environnementale à la rentabilité financière. On imagine l’organisme à but non lucratif luttant pour sa survie et la grande entreprise dont le seul but est le profit, avec peu de place entre les deux. Cette vision est non seulement dépassée, mais elle ignore la véritable révolution économique qui se joue sous nos yeux, particulièrement au Québec.

La plupart des discussions s’arrêtent aux statuts juridiques : coopérative, OBNL, entreprise privée. Mais le véritable changement est plus profond. Et si la clé n’était pas le statut, mais la stratégie ? Si la solution n’était pas de choisir entre profit et mission, mais de construire des systèmes ingénieux où l’un nourrit l’autre ? C’est le principe fondamental des boucles de valeur. Ces modèles ne se contentent pas de créer un produit ou un service ; ils génèrent simultanément de la valeur financière, renforcent le tissu communautaire et régénèrent les ressources écologiques.

Cet article vous propose un voyage au cœur de ces nouveaux modèles économiques. Nous allons explorer comment des entreprises et des citoyens, ici même au Québec, prouvent chaque jour qu’il est possible de faire des affaires différemment. Nous verrons comment financer ces projets, comment la collaboration peut supplanter la compétition, et comment l’économie circulaire offre des opportunités d’affaires insoupçonnées. Oubliez les clichés; préparez-vous à découvrir une économie inspirante, concrète et, surtout, rentable.

Pour vous guider dans cette exploration des nouvelles frontières de l’entrepreneuriat, cet article est structuré pour vous emmener des mécanismes de financement à impact jusqu’aux modèles d’affaires concrets qui en découlent. Le sommaire ci-dessous vous donne un aperçu des étapes de notre parcours.

L’investissement d’impact : comment financer des entreprises qui veulent changer le monde

L’idée qu’un investissement doit uniquement générer un retour financier est en pleine mutation. L’investissement d’impact propose une thèse radicalement différente : le capital peut et doit être un moteur de changement social et environnemental positif, tout en étant rentable. Il ne s’agit pas de philanthropie, mais d’une stratégie d’allocation de capital intentionnelle et mesurable. Au lieu de simplement injecter des fonds, l’investisseur d’impact recherche des entreprises dont le modèle d’affaires est intrinsèquement lié à la résolution d’un problème sociétal. La performance n’est plus évaluée sur un seul, mais sur un double ou triple bilan : financier, social et environnemental.

Au Québec, cet écosystème est loin d’être une niche. Il représente une force économique majeure. Pour l’investisseur ou le citoyen qui souhaite s’impliquer, les options sont de plus en plus accessibles. On peut penser aux obligations communautaires émises par des coopératives locales, qui permettent de financer des projets d’infrastructures (comme une épicerie de quartier ou un centre culturel) avec un retour sur investissement modeste mais stable. Les plateformes de prêt participatif, les fonds de travailleurs ou les crédits d’impôt pour investissement dans des PME québécoises sont autant de portes d’entrée pour diriger son épargne vers des projets alignés avec ses valeurs.

Le défi n’est plus de trouver des projets, mais de choisir celui qui correspond le mieux à ses objectifs d’impact. L’enjeu est de transformer le capital financier en capital citoyen, un investissement qui ne se contente pas de « rapporter », mais qui « construit » activement la société dans laquelle nous voulons vivre. C’est un changement de paradigme où chaque dollar investi devient un vote pour un avenir plus durable et équitable.

Devenez co-propriétaire du soleil : le guide des coopératives énergétiques au Québec

Face à l’urgence climatique, la transition énergétique est souvent perçue comme une affaire de gouvernements et de grandes sociétés. Pourtant, un modèle permet aux citoyens de devenir des acteurs centraux de cette transition : la coopérative énergétique. Le principe est simple : au lieu d’être de simples consommateurs, des résidents, des municipalités ou des entreprises se regroupent pour produire, gérer et parfois distribuer leur propre énergie renouvelable. C’est une manière concrète de se réapproprier une ressource vitale et de créer des boucles de valeur locales.

Ce modèle n’est pas une nouveauté utopique. La Coopérative régionale d’électricité de Saint-Jean-Baptiste de Rouville, fondée en 1944, célèbre ses 80 ans en 2024, prouvant la viabilité et la résilience exceptionnelles de cette approche. Elle incarne la promesse d’un service essentiel contrôlé par et pour la communauté qu’il dessert. Aujourd’hui, le modèle se réinvente avec de nouvelles technologies.

Technicien inspectant un panneau solaire sur le toit d'une école québécoise avec vue sur les montagnes laurentiennes

Si Hydro-Québec demeure l’acteur dominant, des niches stratégiques s’ouvrent pour les initiatives citoyennes. L’autoproduction solaire sur les toits des maisons, des écoles ou des entreprises permet de réduire la facture d’électricité et la dépendance au réseau. La géothermie et la biomasse offrent également des pistes prometteuses pour chauffer des bâtiments ou alimenter des réseaux locaux, surtout dans les régions où ces ressources abondent.

Le tableau suivant illustre quelques-unes des opportunités pour les coopératives énergétiques au Québec, démontrant qu’il existe un potentiel significatif pour des projets citoyens à différentes échelles.

Niches énergétiques possibles face au monopole d’Hydro-Québec
Type d’énergie Potentiel au Québec Avantages
Biomasse forestière Très élevé Ressource omniprésente, peu coûteuse, verte et renouvelable
Géothermie Moyen Source stable et continue
Autoproduction solaire En croissance Indépendance énergétique partielle

En devenant co-propriétaire de l’énergie, les citoyens ne font pas qu’investir. Ils créent des emplois locaux, développent une expertise technique dans leur communauté et s’assurent que les profits générés sont réinvestis localement, renforçant ainsi l’écosystème économique régional.

Le pouvoir de la foule : comment le sociofinancement peut donner vie à votre projet durable

Le sociofinancement, ou financement participatif, est bien plus qu’une simple cagnotte en ligne. C’est un outil puissant qui transforme une idée en un projet collectif, validé et financé par une communauté de partisans. Pour les porteurs de projets durables, c’est une alternative formidable aux circuits de financement traditionnels, souvent frileux face à l’innovation sociale ou aux modèles à rentabilité non conventionnelle. Le principe est de solliciter de petites contributions auprès d’un grand nombre de personnes, créant ainsi un capital de départ et une première base de clients engagés.

Au Québec, des plateformes comme La Ruche sont devenues de véritables tremplins pour les entrepreneurs sociaux. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : depuis sa création, La Ruche a permis à près de 2 300 porteurs de projets de récolter plus de 35 M$ en financement participatif, grâce à l’engagement de plus de 169 000 contributeurs. Ce succès démontre une volonté citoyenne forte de soutenir une économie plus locale et porteuse de sens.

La magie du sociofinancement réside souvent dans son effet multiplicateur. De nombreux programmes, qu’ils soient municipaux ou privés, abondent les fonds récoltés si une campagne atteint son objectif. C’est une reconnaissance de la validation populaire du projet. L’exemple de la campagne pour le Parc linéaire du P’tit Train du Nord est emblématique : un objectif initial de 5 451 $ pour soutenir les patrouilleurs bénévoles a été bonifié d’un montant additionnel de 21 804 $ grâce à une mesure d’abondement. Le projet a ainsi pu quadrupler son financement initial, démontrant que chaque dollar citoyen peut en générer plusieurs autres.

Lancer une campagne de sociofinancement, c’est aussi un excellent test de marché. L’enthousiasme (ou le manque d’enthousiasme) de la foule est un indicateur précieux de la pertinence et de l’attrait d’un projet. C’est une façon de construire une communauté avant même d’avoir vendu le premier produit ou service, transformant les contributeurs en ambassadeurs de la première heure.

Plus qu’un profit : comment les entreprises d’économie sociale renforcent le tissu de nos communautés

Qu’est-ce qu’une entreprise d’économie sociale ? La réponse ne se trouve pas dans son statut fiscal, mais dans sa finalité. Sa mission première n’est pas de maximiser le profit pour des actionnaires, mais de répondre à un besoin de la communauté en générant des bénéfices qui sont réinvestis pour amplifier son impact. Ces entreprises forment un écosystème économique résilient qui place l’humain et l’environnement au cœur de ses préoccupations. Elles créent des emplois de qualité, favorisent l’insertion sociale, revitalisent des quartiers et offrent des services essentiels là où le marché traditionnel est parfois défaillant.

L’ampleur de ce secteur au Québec est souvent sous-estimée, alors qu’il s’agit d’une véritable puissance économique. Comme le souligne le Chantier de l’économie sociale, cet écosystème est loin d’être marginal.

L’économie sociale du Québec comprend plus de 11 200 entreprises collectives avec des ventes globales dépassant 47,8 milliards de dollars. Plus de 220 000 personnes travaillent dans l’économie sociale chaque jour, dans tous les secteurs d’activité.

– Chantier de l’économie sociale, Portrait de l’économie sociale québécoise

Ces chiffres, supérieurs à ceux de secteurs comme la construction ou l’aéronautique, prouvent que le modèle est non seulement viable, mais aussi un moteur de développement majeur pour la province. Des friperies qui financent des programmes de réinsertion aux entreprises de traiteur qui forment des personnes éloignées de l’emploi, chaque projet tisse des liens et renforce la cohésion sociale.

Groupe diversifié de travailleurs d'une entreprise d'insertion sociale partageant un moment convivial dans un atelier lumineux

La valeur de ces entreprises se mesure donc bien au-delà de leur chiffre d’affaires. Elle se mesure en nombre de personnes accompagnées vers l’emploi, en tonnes de déchets détournées des sites d’enfouissement, en services de garde rendus accessibles, ou simplement en sourires échangés dans un café de quartier qui sert de lieu de rencontre intergénérationnel. Elles sont la preuve vivante qu’une entreprise peut être un outil de construction communautaire, créant une richesse qui se partage et se multiplie au sein du territoire.

La coopétition au service du durable : quand des concurrents s’allient pour le bien commun

Dans l’imaginaire économique classique, les concurrents sont des adversaires à abattre. Pourtant, face à des défis systémiques comme la transition écologique ou la relocalisation de l’économie, un nouveau modèle de pensée émerge : la coopétition. Ce néologisme, contraction de coopération et de compétition, décrit une stratégie où des entreprises rivales sur certains marchés choisissent de collaborer sur des enjeux communs. L’idée est simple : en unissant leurs forces, elles peuvent résoudre des problèmes qu’aucune ne pourrait affronter seule, et ainsi créer un marché plus grand et plus résilient pour tous.

Cette approche est particulièrement pertinente dans les secteurs où les investissements initiaux sont lourds ou les chaînes d’approvisionnement complexes. Au lieu que chaque entreprise développe sa propre solution en silo, la coopétition permet de mutualiser les coûts de recherche et développement, de réaliser des achats groupés pour obtenir de meilleurs prix, ou de créer des infrastructures partagées. Le Québec offre un exemple inspirant avec la Vallée de la transition énergétique. Dans ce projet ambitieux, les villes de Bécancour, Shawinigan et Trois-Rivières, bien que potentiellement en compétition pour attirer des entreprises, collaborent pour bâtir un écosystème de calibre mondial. Elles partagent leurs ressources et leurs expertises pour attirer des talents, financer la recherche et créer des solutions innovantes, au bénéfice de toute la région.

La clé du succès de la coopétition réside dans une définition claire des périmètres. Les entreprises continuent de se concurrencer sur leurs produits, leurs services et leur image de marque, mais elles coopèrent sur les « communs » : la formation de la main-d’œuvre, la mise en place de normes environnementales, la logistique ou l’accès à des matières premières durables. Des acteurs neutres comme les centres collégiaux de transfert de technologie (CCTT) ou les associations sectorielles jouent souvent un rôle crucial de facilitateur et de tiers de confiance pour orchestrer ces alliances stratégiques.

La coopétition n’est pas un signe de faiblesse, mais une preuve d’intelligence stratégique. Elle montre une compréhension profonde que les plus grands défis de notre époque ne peuvent être relevés qu’en créant des écosystèmes collaboratifs, où la valeur est créée et partagée, plutôt que simplement capturée par un seul acteur.

Les 7 modèles d’affaires de l’économie circulaire : lequel est fait pour vous ?

L’économie circulaire est souvent réduite au recyclage, mais il s’agit d’une transformation bien plus profonde des modèles d’affaires. L’objectif est de passer d’une logique linéaire (« extraire, fabriquer, jeter ») à une logique de boucles, où les produits, les composants et les matériaux sont maintenus dans l’économie le plus longtemps possible. Pour un entrepreneur, cela ouvre un champ immense d’opportunités pour innover, se différencier et créer de la valeur de manière durable. Il ne s’agit plus de vendre un produit, mais de vendre une fonction, un service ou une performance.

Il existe plusieurs archétypes de modèles d’affaires circulaires, chacun adapté à des secteurs et des contextes différents. Le choix du bon modèle dépend de votre produit, de votre relation avec le client et de votre capacité à gérer la logistique inverse (la récupération du produit en fin d’usage). Certains modèles, comme l’extension de la durée de vie via la réparation, demandent un investissement initial faible, tandis que d’autres, comme le « produit-en-tant-que-service », requièrent une structure financière plus robuste.

Vue symétrique d'une installation de tri et recyclage moderne avec flux de matériaux colorés créant des patterns circulaires

Le Québec voit déjà fleurir des exemples concrets pour chacun de ces modèles. Le tableau ci-dessous présente une synthèse des principaux modèles d’affaires de l’économie circulaire, avec des exemples québécois pour illustrer leur application concrète.

Comparaison des 7 modèles d’économie circulaire adaptés au contexte canadien
Modèle Exemple québécois Secteur idéal Investissement initial
Produit-en-tant-que-Service Location d’équipements industriels Manufacturier Élevé
Recharge/Réutilisation Loop (contenants réutilisables) Détail Moyen
Location entre particuliers GoClico Service Faible
Matériaux recyclés Matt & Nat Mode/Design Moyen
Extension de durée de vie Ateliers de réparation Tous secteurs Faible
Symbiose industrielle Parcs éco-industriels Industriel Variable
Récupération de ressources Compostage industriel Agroalimentaire Moyen-Élevé

Chacun de ces modèles offre une voie pour découpler la croissance économique de la consommation de ressources. En choisissant le modèle le plus adapté à son secteur, une entreprise peut non seulement réduire son empreinte écologique, mais aussi fidéliser sa clientèle, créer de nouvelles sources de revenus et se positionner comme un leader de la transition économique.

Au-delà du casque et des bottes : pourquoi la sécurité psychologique est le nouveau défi de la SST

Dans les entreprises à forte mission sociale ou environnementale, la passion est un moteur extraordinaire. Les équipes sont animées par un désir profond de changer le monde, ce qui conduit à un engagement souvent exceptionnel. Cependant, cette même passion peut devenir une vulnérabilité. Le risque de ce que l’on appelle le « burnout militant » est particulièrement élevé : l’épuisement professionnel survient lorsque la dévotion à la cause mène à négliger ses propres limites et son bien-être. La durabilité d’un modèle d’affaires à impact dépend donc aussi de la durabilité de ses ressources humaines.

La santé et sécurité au travail (SST) ne peut plus se limiter aux risques physiques, comme le port du casque ou des bottes de sécurité. Le nouveau défi, particulièrement dans l’économie sociale, est d’intégrer la sécurité psychologique au cœur de la culture d’entreprise. Il s’agit de créer un environnement où les employés se sentent en sécurité pour prendre des risques modérés, exprimer leurs opinions, reconnaître leurs erreurs et parler de leurs difficultés sans crainte de jugement ou de représailles.

Les entreprises d’économie sociale sont particulièrement à risque de burnout militant, où la passion pour la mission peut mener à l’épuisement professionnel si des mesures préventives ne sont pas mises en place.

– Conseil québécois de la coopération et de la mutualité, Guide de prévention du burnout dans l’économie sociale

Concrètement, cela passe par l’adaptation de normes comme la CSA Z1003/BNQ 9700-803, même pour les petites structures. Il ne s’agit pas de mettre en place une bureaucratie lourde, mais des pratiques simples et efficaces. Cela peut inclure l’établissement d’une politique de droit à la déconnexion, la formation des gestionnaires à la communication non-violente, la mise en place d’espaces de parole réguliers et sécuritaires, ou la promotion d’un système de médiation par les pairs. L’objectif est de construire une culture de la confiance et du soutien mutuel, où la performance collective n’est pas atteinte au détriment de la santé individuelle.

Investir dans la sécurité psychologique n’est pas une dépense, mais un investissement stratégique. Une équipe qui se sent soutenue est plus innovante, plus résiliente et plus engagée sur le long terme. C’est la condition sine qua non pour que l’entreprise puisse accomplir sa mission durablement, sans « brûler » ses talents les plus précieux.

À retenir

  • Les modèles à impact ne sont pas une niche, mais une force économique majeure au Québec, générant des dizaines de milliards de dollars.
  • La véritable innovation réside dans la création de « boucles de valeur » où profit, impact social et écologie se renforcent mutuellement.
  • La durabilité d’un projet dépend autant de son modèle économique que de la préservation de son capital humain contre l’épuisement.

L’économie circulaire : cessez de vendre des produits, commencez à construire des boucles de valeur

Nous avons exploré divers modèles qui prouvent qu’une autre économie est possible. Le fil rouge qui les relie tous est un changement de paradigme fondamental : passer de la vente de produits à la construction de boucles de valeur. L’économie circulaire n’est pas une simple stratégie de gestion des déchets ; c’est une refonte complète de la manière dont nous concevons, produisons, consommons et donnons une seconde vie aux objets et aux matériaux. C’est une vision où il n’y a plus de « fin de vie », mais une série de cycles qui préservent et régénèrent la valeur.

Ce changement de perspective est essentiel pour atteindre des objectifs ambitieux, comme ceux fixés par le projet de loi 69 au Québec, qui vise des approvisionnements en électricité de 255 TWh d’ici 2035. Une telle demande ne peut être satisfaite durablement sans une efficacité radicale dans l’utilisation des ressources. L’économie circulaire est la clé pour y parvenir, en réduisant la demande de matériaux neufs et l’énergie nécessaire à leur transformation. Pour les entreprises, cela signifie transformer une contrainte réglementaire, comme la Responsabilité Élargie des Producteurs (REP), en une opportunité stratégique.

La REP oblige les entreprises à prendre en charge financièrement la fin de vie de leurs produits. Une vision linéaire y verrait un coût. Une vision circulaire y voit une incitation à repenser le produit lui-même : comment le concevoir pour qu’il soit facilement réparable, démontable, réutilisable ou recyclable ? Comment récupérer ces produits pour en extraire des matériaux de valeur ou les remettre sur le marché de la seconde main ? C’est là que naissent de nouveaux modèles d’affaires rentables.

Plan d’action : Naviguer la Responsabilité Élargie des Producteurs (REP) au Québec

  1. Identifier les catégories de produits visés par la REP dans votre secteur d’activité.
  2. Calculer les écofrais applicables à vos produits pour anticiper les coûts.
  3. Adhérer à un organisme de gestion reconnu (comme Éco-Entreprises Québec) pour mutualiser la gestion.
  4. Intégrer les coûts de fin de vie directement dans la conception et le prix de votre modèle d’affaires.
  5. Explorer activement les opportunités de création de boucles de valeur avec les produits et matériaux récupérés.

En fin de compte, construire des boucles de valeur, c’est adopter une vision à long terme. C’est renforcer la relation avec ses clients en leur proposant des services de réparation ou de reprise. C’est sécuriser ses approvisionnements en créant ses propres sources de matières secondaires. C’est, finalement, bâtir une entreprise plus résiliente, plus innovante et parfaitement alignée avec les défis de notre temps.

Le passage à une économie à impact n’est plus une question de « si », mais de « comment ». Les exemples québécois que nous avons vus le prouvent : les outils, les modèles et le capital sont disponibles. L’étape suivante consiste à évaluer laquelle de ces stratégies résonne le plus avec votre projet et de commencer à bâtir votre propre boucle de valeur.

Questions fréquentes sur les modèles économiques à impact au Québec

Quels sont les acteurs neutres qui peuvent faciliter la coopétition?

Les centres collégiaux de transfert de technologie (CCTT), les associations sectorielles et les organismes comme InnovÉÉ peuvent servir d’intermédiaires neutres.

Comment protéger sa propriété intellectuelle dans un accord de coopétition?

Établir des accords de confidentialité clairs, définir les zones de collaboration vs compétition, et utiliser des tiers de confiance pour la gestion des données sensibles.

Quels secteurs bénéficient le plus de la coopétition au Québec?

Le secteur agroalimentaire (achats groupés, circuits courts collectifs) et les technologies propres (via des grappes comme Écotech Québec) sont particulièrement actifs.

Rédigé par Léa Roy, Léa Roy est une consultante en innovation durable et économie circulaire, diplômée en ingénierie et en environnement. Depuis 5 ans, elle aide les startups et PME québécoises à intégrer les principes de l'éco-conception.