Publié le 16 mai 2024

Non, votre parcours « atypique » n’est pas un handicap, c’est votre avantage stratégique sur un marché que les investisseurs traditionnels ne comprennent pas encore.

  • Les biais des investisseurs ne sont pas une fatalité, mais une inefficacité de marché que vous pouvez exploiter.
  • Le capital-risque n’est pas la seule option; les financements alternatifs et l’économie sociale au Québec offrent des leviers de pouvoir.

Recommandation : Arrêtez de pitcher pour convaincre, commencez à pitcher pour démontrer l’opportunité d’arbitrage que représente votre projet.

Vous avez un projet solide, un plan d’affaires en béton et une connaissance intime de votre marché. Pourtant, lors de vos rencontres avec des investisseurs, vous sentez ce décalage. Les questions semblent orientées vers le risque plutôt que la croissance. On vous parle de « niche » pour décrire une communauté qui se chiffre en millions de personnes. On questionne votre capacité à diriger, avec des sous-entendus que vos pairs masculins, blancs et issus des mêmes écoles ne subissent jamais. Ce n’est pas dans votre tête. C’est une réalité systémique du financement, particulièrement palpable au Québec comme ailleurs.

Le conseil habituel est de vous « adapter » : polir votre pitch, porter le bon costume, adopter le langage de la finance traditionnelle. En bref, tenter de vous fondre dans un moule qui n’est pas le vôtre. Cette approche est non seulement épuisante, mais elle est surtout inefficace. Elle vous place en position de demande, vous faisant quémander une légitimité que vous possédez déjà. Et si la véritable clé n’était pas de se conformer, mais de déjouer le système ? Si, au lieu de masquer vos différences, vous les transformiez en votre plus puissant avantage concurrentiel ?

Cet article n’est pas une énième liste d’organismes de financement. C’est un manuel de combat. En tant qu’investisseur qui milite pour un écosystème plus juste, je vais vous donner les clés pour reconnaître les biais, les recadrer en direct et construire votre stratégie de financement sur vos propres termes. Nous allons voir comment transformer les questions-pièges en opportunités, identifier les alliés financiers qui comprennent réellement la valeur de la diversité, et bâtir votre pouvoir en explorant des voies alternatives au capital-risque traditionnel. L’objectif n’est pas de demander une place à la table, mais de construire la vôtre.

Pour vous guider dans cette démarche stratégique, cet article est structuré pour vous armer étape par étape. Des techniques pour contrer les biais en plein pitch aux alternatives de financement qui respectent votre mission, chaque section est conçue pour vous donner des outils concrets et une nouvelle perspective sur l’accès au capital.

‘C’est un beau projet de ‘niche » : comment reconnaître et contrer les biais de genre dans un pitch

La phrase est lâchée, souvent avec un sourire bienveillant : « C’est un très beau projet, mais c’est un marché de niche. » C’est l’un des signaux les plus clairs qu’un biais inconscient vient d’entrer dans la pièce. Ce que l’investisseur dit, c’est « niche ». Ce qu’il pense, c’est : « Je ne comprends pas ce marché, donc il me paraît petit et risqué. » Des études montrent que les investisseurs posent majoritairement des questions orientées « prévention » (risque) aux femmes et des questions orientées « promotion » (croissance) aux hommes. Votre travail n’est pas de vous défendre, mais de recadrer activement la conversation.

Quand on vous interroge sur la rétention des clients (question de prévention), répondez en parlant de la taille du marché et du potentiel d’expansion (réponse de promotion). Ne tombez pas dans le piège de la justification. Chaque question est une invitation à présenter votre vision. Le biais de l’investisseur est une inefficacité de marché. S’il ne voit pas le potentiel d’un marché de plusieurs milliards de dollars parce qu’il n’en fait pas partie, c’est une opportunité d’arbitrage pour l’investisseur qui, lui, saura vous écouter. Votre rôle est de lui faire comprendre le coût de son ignorance.

Cette gymnastique intellectuelle demande de la préparation. Il faut anticiper les questions biaisées et préparer des réponses qui transforment la perception du risque en une démonstration d’opportunité. C’est un changement de posture : vous n’êtes plus une entrepreneure qui demande de l’argent, mais une experte qui offre une porte d’entrée sur un marché sous-évalué. La maîtrise de cette technique de *reframing* est fondamentale pour reprendre le contrôle de la narration.

Votre plan d’action : la boîte à outils pour recadrer les questions-pièges

  1. Identifier le biais : La question se concentre-t-elle sur la défense de votre position (prévention) ou sur la conquête de nouveaux marchés (promotion) ?
  2. Reformuler mentalement : Transformez la question en une opportunité de parler de croissance. « Comment allez-vous ne pas perdre d’argent ? » devient « Comment allez-vous en gagner énormément ? ».
  3. Ancrer avec une donnée : Commencez votre réponse par un chiffre, une statistique de marché ou une projection de croissance pour immédiatement déplacer le cadre de la discussion vers les faits.
  4. Transformer la défense en attaque : Présentez ce qui est perçu comme une « niche » ou une « faiblesse » comme votre base de lancement unique, une barrière à l’entrée pour les concurrents.
  5. Quantifier l’opportunité : Concluez en chiffrant l’opportunité d’arbitrage que vous représentez. « Le fait que ce marché soit invisible pour vous est précisément la raison pour laquelle il y a une place à prendre. »

Le guide des fonds qui investissent vraiment dans la diversité au Canada

Parler est une chose, mais signer des chèques en est une autre. De nombreux fonds de capital-risque ont ajouté le mot « diversité » à leur site web, mais leurs portefeuilles restent désespérément homogènes. La bonne nouvelle, c’est qu’un écosystème d’investisseurs et d’organismes réellement engagés émerge, particulièrement au Canada. Ces acteurs ne voient pas la diversité comme une case à cocher, mais comme une thèse d’investissement fondamentale. Ils savent que les équipes diversifiées sont plus performantes et que les marchés sous-représentés recèlent un potentiel de croissance énorme.

Identifier ces alliés est la première étape pour ne plus perdre votre temps à éduquer des investisseurs sceptiques. Des fonds comme BKR Capital, spécifiquement dédiés aux fondateurs noirs dans la tech, ou des organismes comme Evol, qui finance tous les groupes sous-représentés, ont intégré la diversité au cœur de leur modèle. De plus, le gouvernement fédéral a injecté des fonds significatifs, comme en témoigne l’engagement de 189 millions de dollars dans le Programme pour l’entrepreneuriat des communautés noires, visant à démanteler les barrières systémiques.

Vue aérienne d'une table ronde de discussion entre investisseurs et entrepreneurs diversifiés dans un bureau montréalais

Votre démarchage doit donc être chirurgical. Au lieu d’un arrosage large, concentrez vos efforts sur les fonds dont la mission et le portefeuille démontrent un alignement avec votre projet et vos valeurs. Ces fonds parlent déjà votre langue; vous n’aurez pas à leur expliquer pourquoi votre marché est pertinent. Vous pourrez aller directement à l’essentiel : la vision, la stratégie et l’exécution. Le tableau suivant vous offre un premier radar des acteurs clés au Québec qui ont mis leurs actions en accord avec leurs paroles.

Ce radar vous permet de cibler les fonds les plus pertinents pour votre projet. Chaque « non » d’un fonds traditionnel vous rapproche d’un « oui » d’un fonds qui partage votre vision.

Radar de la diversité des principaux fonds québécois
Fonds Montant Cible prioritaire Critères spécifiques
BKR Capital Préamorçage/Amorçage Entrepreneurs noirs tech Fondateurs noirs au Canada
Evol Jusqu’à 450 000 $ Tous groupes sous-représentés Min. 25% de l’actionnariat détenu par un groupe sous-représenté
FACE 25 000 à 250 000 $ Communautés noires Québec Tous secteurs d’activité
Entreprendre ici 25 000 $ (bourses) Diversité ethnoculturelle 18-35 ans ou diversité tout âge

Comment bâtir son réseau dans la finance quand on part de zéro

Le vieil adage « ce n’est pas ce que vous savez, mais qui vous connaissez » est malheureusement encore vrai dans le monde du financement. Les cercles d’investissement traditionnels sont souvent fermés et homogènes, reposant sur des décennies de cooptation entre anciens des mêmes écoles et des mêmes clubs. Tenter de forcer l’entrée de front est souvent une perte d’énergie. La stratégie la plus efficace est de construire votre propre centre de gravité, un écosystème parallèle qui finira par attirer l’attention du système traditionnel, mais selon vos propres termes.

Commencez local et spécialisé. Au lieu de viser immédiatement les grands noms du capital-risque, ancrez-vous dans votre communauté. Les organismes comme PME MTL dans votre quartier ou votre SADC (Société d’aide au développement des collectivités) locale sont des portes d’entrée fantastiques. Ils connaissent le terrain et peuvent vous connecter à un premier cercle de contacts pertinents. Ensuite, intégrez les réseaux qui vous ressemblent : le Réseau des Femmes d’affaires du Québec, le Groupe 3737 pour les entrepreneurs de la diversité, ou encore la Chambre de commerce LGBT du Québec. Ces réseaux sont des multiplicateurs de contacts qualifiés.

Étude de cas : La force du réseau avec Entreprendre ici

Créé pour adresser spécifiquement l’enjeu de l’entrepreneuriat issu de la diversité, l’organisme national Entreprendre ici est un excellent exemple de créateur d’écosystème. En se fixant un objectif ambitieux d’accompagner 8000 entrepreneurs sur quatre ans, il ne se contente pas d’offrir du soutien, mais tisse une toile de connexions entre des entrepreneurs qui partagent des défis similaires, créant ainsi un réseau puissant et solidaire à travers tout le Québec.

Une fois que vous avez une base solide, vous pouvez commencer à approcher les cercles plus traditionnels, mais avec une proposition de valeur claire. Ne venez pas en demandeur, mais en expert de votre marché. Proposez de faire du « reverse-mentoring » : offrez à un investisseur votre vision sur les tendances d’un marché qu’il ne connaît pas. Vous changez ainsi la dynamique du pouvoir. La construction de votre réseau doit suivre une stratégie de cercles concentriques, du plus proche au plus large, pour maximiser votre impact à chaque étape.

Votre parcours n’est pas un handicap, c’est votre avantage concurrentiel : comment le pitcher

Dans la culture du capital-risque, il existe un archétype du fondateur à succès : jeune, masculin, blanc, diplômé d’une poignée d’universités prestigieuses. Tout ce qui sort de ce cadre est souvent perçu, consciemment ou non, comme un risque. Votre parcours est « atypique », vous êtes « non-technique », votre expérience est « non-conventionnelle ». Ces étiquettes sont des tentatives de vous faire rentrer dans une case. Votre mission est de détruire cette case et de la remplacer par une histoire de pouvoir.

Votre parcours est votre capital narratif. C’est la somme de vos expériences, de vos échecs, de vos réussites et de votre perspective unique qui vous donne une légitimité que personne d’autre ne possède. Un entrepreneur qui a vécu l’expérience de l’immigration et qui lance une FinTech pour faciliter les transferts d’argent vers son pays d’origine n’a pas un projet de « niche ». Il a une connaissance intime et quasi-injuste d’un problème, une empathie profonde pour ses utilisateurs et une crédibilité instantanée auprès de sa communauté. C’est une barrière à l’entrée massive pour n’importe quel concurrent qui voudrait s’y attaquer avec une simple analyse de marché.

Le pitch de votre parcours doit suivre un arc narratif simple mais puissant :

  1. L’origine du problème : Racontez l’expérience personnelle ou l’observation qui vous a fait prendre conscience du problème. Ancrez-le dans le réel.
  2. La validation de l’échelle : Démontrez que votre expérience personnelle est le symptôme d’un problème beaucoup plus large, avec des données de marché claires. « Mon problème est en fait celui de X millions de personnes. »
  3. La légitimité unique : Expliquez pourquoi vous, et seulement vous, êtes la bonne personne pour résoudre ce problème. C’est ici que votre parcours « atypique » devient votre arme secrète.
  4. La vision d’avenir : Projetez comment la résolution de ce problème ouvre des portes vers des marchés adjacents encore plus grands.

C’est l’art de transformer ce que l’on vous présente comme un handicap en votre plus grand avantage. Votre histoire n’est pas un à-côté de votre pitch ; c’est le cœur de votre thèse d’investissement.

Le capital-risque n’est pas la seule voie : découvrez les financements alternatifs qui respectent votre vision

Le capital-risque (CR) est souvent présenté comme le Saint-Graal du financement, mais il s’agit d’un modèle très spécifique : il exige une croissance explosive et une sortie (vente ou entrée en bourse) à court ou moyen terme. Ce modèle peut être toxique pour des entreprises qui ont une vision à long terme, un fort ancrage communautaire ou une mission sociale. Pour beaucoup d’entrepreneurs issus de la diversité, accepter de l’argent du CR, c’est risquer de perdre l’âme de leur projet. Heureusement, le Québec dispose d’un écosystème de financements alternatifs incroyablement riche, qui vous permet de grandir sans vendre votre âme.

Le sociofinancement, le microcrédit, les prêts d’honneur et les fonds dédiés à l’économie sociale sont autant d’options qui privilégient la pérennité et la mission sur la sortie rapide. Ces formes de financement sont souvent non-dilutives, ce qui signifie que vous gardez le plein contrôle de votre entreprise. Des initiatives comme les 24 bourses d’honneur de 25 000 $ pour la diversité ethnoculturelle, offertes par le gouvernement, sont des injections de capital qui viennent avec de la validation et de l’accompagnement, sans prise de participation.

Gros plan macro sur des mains diverses empilées en signe de collaboration et solidarité entrepreneuriale

L’intérêt de ces alternatives n’est pas seulement financier. Elles vous permettent de construire une communauté engagée autour de votre projet. Une campagne de sociofinancement réussie ne vous apporte pas que de l’argent ; elle vous apporte des ambassadeurs et des premiers clients. Choisir son type de financement est une décision stratégique qui doit être alignée avec votre vision d’entreprise. Le tableau ci-dessous vous aide à comparer les options en fonction de ce qui compte le plus pour vous.

Matrice de décision des financements alternatifs au Québec
Type de financement Protection mission Pression sortie Dilution pouvoir Montant typique
Sociofinancement communautaire Élevée Faible Minimale 5K-100K $
Microcrédit (MicroEntreprendre) Élevée Faible Nulle 500-20K $
Économie sociale (RISQ) Maximale Nulle Nulle 5K-50K $
Prêt Evol Moyenne Faible Nulle Jusqu’à 450K $

L’autre économie : comment le modèle de l’économie sociale façonne le Québec

Le Québec a une relation unique avec l’entrepreneuriat, profondément marquée par un modèle qui va au-delà du profit : l’économie sociale. Les coopératives, les mutuelles et les organismes à but non lucratif (OBNL) ne sont pas des curiosités, mais des piliers de l’économie québécoise. Pour un entrepreneur qui porte une mission sociale ou communautaire forte, ce modèle n’est pas une alternative, mais souvent la voie la plus logique et la plus puissante. Il permet d’inscrire la mission de l’entreprise dans ses statuts, la protégeant des pressions du marché à court terme.

Adopter un modèle d’économie sociale ne signifie pas renoncer à la croissance ou à la rentabilité. Cela signifie redéfinir la finalité de l’entreprise : le profit n’est plus le but, mais un moyen au service d’une mission. Cette approche est particulièrement pertinente pour les entrepreneurs issus de la diversité, car elle permet de créer des entreprises qui répondent directement aux besoins de leur communauté et de réinvestir la valeur créée localement. Le gouvernement québécois reconnaît la force de ce modèle et le soutient activement, comme le montre le fait que jusqu’à 70% des dépenses admissibles peuvent être couvertes pour les entreprises d’économie sociale via certains programmes d’aide.

Étude de cas : Le Groupe 3737, un hub d’innovation à mission sociale

Fondé en 2012 par des entrepreneurs issus de la diversité, le Groupe 3737 est plus qu’un simple accélérateur. C’est un hub d’innovation qui a adopté un modèle hybride pour soutenir les entrepreneurs de tous horizons. En offrant des espaces, du mentorat et un accès à un réseau puissant, il est devenu un acteur incontournable de l’écosystème technologique et social de Montréal, regroupant aujourd’hui plus de 80 entreprises. C’est la preuve qu’on peut allier ambition technologique et impact social profond.

Transformer un projet d’affaires classique en entreprise d’économie sociale demande une réflexion stratégique sur la mission, la gouvernance et la mesure d’impact. C’est un cheminement qui aligne la structure légale de votre entreprise avec vos valeurs les plus profondes. C’est aussi une façon de raconter une histoire différente aux financeurs, une histoire de durabilité, d’ancrage local et d’impact mesurable, des arguments de plus en plus écoutés, même par les investisseurs traditionnels.

Comment obtenir des conseils de ceux qui font déjà le métier de vos rêves

Dans votre parcours, vous aurez besoin de deux types d’alliés : les mentors et les sponsors. Un mentor vous donne des conseils. Un sponsor utilise son capital politique pour vous ouvrir des portes. Les deux sont essentiels, mais on confond souvent leurs rôles. Vous avez besoin de mentors pour affiner votre stratégie et éviter les erreurs, et de sponsors pour accéder à des opportunités que vous n’auriez jamais eues autrement. Pour un entrepreneur de la diversité, trouver un sponsor est un véritable accélérateur de carrière.

La première étape est de trouver des mentors de qualité. Le Québec, encore une fois, est bien pourvu. Le Réseau Mentorat est une organisation exceptionnelle qui offre un accompagnement par des entrepreneurs d’expérience. Pour les lauréats des bourses de la diversité, l’accompagnement est même gratuit pendant un an, à travers un réseau de plus de 50 points de service à travers le Québec. C’est une ressource inestimable pour obtenir des retours francs et bienveillants de la part de personnes qui sont passées par là.

Mais un mentor ne deviendra un sponsor que si vous prouvez que vous êtes un bon « investissement » de son temps et de sa réputation. La transformation d’une relation de mentorat en sponsorship est un processus actif de votre part :

  1. Exécution impeccable : Appliquez systématiquement les conseils reçus et montrez des résultats mesurables. Un mentor voudra sponsoriser quelqu’un qui exécute.
  2. Apportez de la valeur en retour : Proposez du « reverse-mentoring ». Offrez à votre mentor votre perspective unique sur les enjeux de diversité, les nouveaux marchés ou les technologies émergentes. La relation doit devenir un échange, pas un monologue.
  3. Soyez explicite sur vos besoins : Une fois la confiance établie, identifiez des opportunités concrètes où votre mentor pourrait agir en sponsor. « Une introduction à telle personne m’aiderait énormément », « Pourrais-tu mentionner mon projet lors de la prochaine réunion du conseil ? ».
  4. Formalisez la relation : Discutez ouvertement de la transition vers une relation de sponsorship, avec des objectifs clairs pour vous deux.

Un bon sponsor peut changer la trajectoire de votre entreprise en une seule conversation. C’est une alliance stratégique qui se construit avec le temps, la confiance et des résultats probants.

À retenir

  • Les biais des investisseurs sont des inefficacités de marché ; apprenez à les exploiter en recadrant le débat sur la croissance.
  • Votre parcours « atypique » n’est pas une faiblesse à cacher, mais votre capital narratif et votre avantage concurrentiel le plus puissant.
  • Diversifiez vos sources de financement (prêts, bourses, économie sociale) pour garder le contrôle de votre mission et de votre vision.

Au-delà du financement : bâtir une carrière entrepreneuriale durable au Québec

Réussir à financer son projet n’est pas la ligne d’arrivée ; c’est le début de la course. Les stratégies que nous avons explorées ne sont pas de simples astuces pour obtenir un chèque. Elles constituent les fondations d’une carrière entrepreneuriale durable, bâtie sur l’authenticité, la résilience et une compréhension fine des dynamiques de pouvoir. Le véritable enjeu n’est pas de simplement changer de carrière pour devenir entrepreneur, mais de réussir ce virage sans y laisser votre santé mentale et financière.

Le programme Soutien au travail autonome (STA) offert au Québec est un exemple d’outil qui peut sécuriser cette transition, en offrant un cadre et une aide financière pour structurer votre projet. Mais au-delà des programmes, le changement le plus profond est interne. En apprenant à pitcher votre parcours comme un avantage, à construire votre propre réseau et à choisir des financements alignés avec vos valeurs, vous ne faites pas que lancer une entreprise. Vous affirmez votre place dans l’écosystème. Vous cessez d’être un demandeur et devenez un acteur du changement, un créateur de valeur économique et sociale.

Le système ne changera pas du jour au lendemain. Les biais sont profondément ancrés. Mais chaque entrepreneur qui réussit à déjouer le système ouvre la voie à dix autres. Votre succès n’est pas seulement le vôtre ; il est la preuve que d’autres modèles sont possibles et rentables. Il redéfinit ce à quoi ressemble un fondateur à succès au Québec. C’est un combat de longue haleine, mais c’est un combat qui en vaut la peine, pour vous et pour toutes celles et ceux qui suivront.

Les outils et les alliés existent. Il est maintenant temps de passer à l’action. Utilisez ce guide comme votre plan de match, contactez les organismes mentionnés et commencez à bâtir votre stratégie de financement sur vos propres termes.

Rédigé par Léa Roy, Léa Roy est une consultante en innovation durable et économie circulaire, diplômée en ingénierie et en environnement. Depuis 5 ans, elle aide les startups et PME québécoises à intégrer les principes de l'éco-conception.